J'ai vraiment adoré cette lecture.
Mark Russell nous propose une dystopie incisive, particulièrement intelligente de notre société et du rapport ambigu entre humains/robots, espoir/aveuglement, valeur/productivité, sauveur/oppresseur, avec des réflexions acérées sur la technologie, le capitalisme, l'illusion du pouvoir, sur la domination, sur l'obsolescence...
Visuellement les dessins sont très réussis et soulignent parfaitement le ton du récit.
Cependant, malgré toutes ses qualités et un gros plaisir de lecture le dernier chapitre paraît soudainement trop précipité et m’a laissé une petite impression mitigée.
Dans ce dernier chapitre certaines séquences deviennent assez confuses alors qu'il n'y en avait pas dans les précédents chapitres :
-je pense notamment à la scène impliquant le jeune TOT (un enfant humain apparu brièvement en début du chapitre 5 alors qu’on lui ordonne de se cacher de « l’armée des patriotes de la Géorgie du Nord")
Cora, Sven et Mamiedroïde le rencontrent peu après.
Dans une scène TOT est à côté d'une voiture dont les occupants affirment vouloir « juste être sûrs que le petit allait bien ». Cette scène est assez ambiguë : TOT connaît-il ces personnes ? Si oui comment ces personnes l’ont-elles retrouvé alors qu’il devait rester caché ?
De même, la manière dont TOT récupère rapidement et miraculeusement les pièces pour reconstruire le robot Snowball semble très facile, comme un deus ex machina scénaristique.
Et il y a aussi la réflexion de dire "on sait qu'un robot peut devenir humain" est un peu flou car si les mandroide ont été conçus pour être le plus humain possible, il ne le sont pas devenu : ils ont été programmé comme ça (grâce notamment à des améliorations de la puce d'empathie) ça reste des robots qui sont programmés dans une logique capitaliste notamment en débitant des pubs à tout va.
Même si ces facilités ne gâchent pas tout le plaisir de lecture, elles atténuent un chouille la force globale du récit.
Pour conclure j'indiquerai que ce que j'ai compris être le message de mark Russell :
Cette société capitaliste fait que tout le monde sera toujours malheureux, toujours déprimé, insatisfait.
Les individus de même que les robots seront toujours des concurrents, seront toujours des ennemis entre eux et envers les uns et les autres.
Le seul moyen de pouvoir avoir un avenir meilleur est de changer totalement de modèle de société, de logique capitaliste, de rapport à la valeur de rapport aux uns par rapport aux autres, donc de construire quelque chose de complètement nouveau où humain et technologie pourrait totalement cohabiter sans tous ces idéologies, cette competivité qui font de notre manière de penser, de notre société une prison.
En résumé, malgré le dernier chapitre un peu hâtif qui aurait mérité quelques pages de plus pour remédier facilement à ces quelques défauts, Not All Robots reste une excellente BD, mordante et intelligente.
Elle aurait sans doute mérité un 9,5/10 sans ces petits défauts narratifs de dernière minute, mais elle conserve un très solide 9/10.
À découvrir absolument pour son regard critique pertinent sur les dérives de notre société.