Je n'avais plus été aussi déçu depuis qu'un ami m'avait conseillé L'Épée de Vérité, il y a sept ans. Rassurez-vous tout de même, la comparaison s'arrête ici. Là où l’autre était juste sans intérêt et cliché à un point qui aurait rendu un appareil photo jaloux, Sandman évite ces écueils. Mais Sandman est vain. Les histoires tournent en rond, s'essoufflent, sortent de nulle part et y retournent après des longueurs effrayantes. Rêve ne me touche pas, ne me fait rien, et paraît traverser ses histoires avec autant d'envie et de plaisir que j'en ai à les lire. Tu parles d'un onirisme. Bref, il faut dire ce qui est, c'est chiant. Au moins pour toute la première partie – mais si la seconde redresse un peu la barre, elle ne me convainc pas non plus.
Alors, bien sûr, il y a quelques bonnes idées (comme, entre autres, le fait de voyager d'un endroit à un autre grâce aux rêves de gens présents, ou l'histoire de l'homme immortel, un des rares ages que j’ai particulièrement appréciés), mais qui peinent à soutenir l'ensemble, bien trop aléatoire, aux fausses solutions qui semblent sortir du chapeau (la joute et la sortie des enfers, par exemple) et aux effets de manche ratés (Rêve, nous dit-on, bluffe ses rêves errants, bluffe les démons, bluffe machin et machine, et ça marche parce que Rêve a du bagout, mais pendant ce temps, en tant que lecteur, soit le bluffe paraît évident, soit raté, soit trop facile, et le bagout bien pauvre ; bref, jamais suffisant pour ce « ouah ! » qu’on veut nous arracher un peu trop ostensiblement).
Pour ne rien arranger, les couvertures des différentes intégrales me promettaient toutes du rêve, or je n’ai pas su apprécier le dessin (trop plat et aux arrière-plans beaucoup trop vides), excepté quelques cases isolées qui ont reçu plus d’attention que les autres. Que voulez-vous, les goûts et les couleurs… Au moins, ça reste lisible. Il n’empêche que ça ne m’a pas franchement apporté l’élan nécessaire.
Je vais donc arrêter là l'expérience et continuer à me gratter le menton, perplexe face à l'unanimisme des critiques.
L’avantage, dans cette histoire, c’est que je vais m’économiser un petit pactole, en évitant d’acheter les suivants. Avis aux intéressés, je revends le volume I.