Dans Harper (titre original), il y a tout ce qu'il faut: plus coooooool que Newman en détective c'est pas possible (il est même très drôle dans plusieurs scènes, à coup de mimiques inattendues), une enquête qui respecte les figures imposées du genre à coup de femmes fatales, des personnages multiples et tordus, une intrigue tordue à souhait, une disparition de millionnaire entouré d'une famille véreuse, un mix détonnant auquel vient même s'ajouter une secte fanatique installée en haut des montagnes californiennes. Le tout sur foins de Jazz quasi-carribéen ultra hype.
On même parfois l'impression de revisiter le Faucon Maltais mixé avec Chinatown.
Si j'ajoute que le tout est interprété, en plus du Paulo, de Lauren Bacall, Julie Harris, Shelley Winters, Janet Leigh, Pamella Tiffin et Robert Wagner en jeune gigolo tout bronzé, y a de quoi décrocher la mâchoire et laisser pendre la langue.
(hmmm, doucement sur l'alcool dans les prochains jours... Vous prendrez ces cachets matins, midi et soir pendant une semaine).
Et donc ? Avec ça ? Le 8 minimum de rigueur ?
Ben non. C'est sympathique tout plein, je n'en disconviens pas, mais ça manque de piquant. De relevé. C'est un peu fade. Sans doute la faute à une réalisation plan-plan, et à une troupe d'acteurs, pour excellents qu'ils soient, qui semblent faire le job sans ion. Ça ronronne. Ça cabotine sans excès. Au point qu'on se demande dans certaines scènes ce qui peut bien pousser Harper à vouloir aller jusqu'au bout, à prendre autant de risques.
Tiens, et au fait, pourquoi Harper ? Dans le roman original, le privé s'appelle Arsher.
Vous allez rire: parce que Paul Newman s'est rendu compte que tous les films qui avaient compté jusque là dans sa carrière comportaient un mot commençant par la lettre H. The Husler, Hud, Cat on a Hot tin roof, the left Handed gun, the Helen morgan story.
Comme quoi.On peut être cool ET terriblement déceptif.
"Harper", le titre, reste néanmoins meilleur que le titre français, fidèle à la grande tradition des traductions qui donnent mal au cœur.
Toutes ces considérations ne m'empêcheront pas de jeter un œil sur la suite, tournée neuf ans plus tard: la toile d'araignée.