Film explosif

Le choix d'inscrire Dossier 137 dans l'actualité récente des Gilets jaunes lui confère une charge politique énorme, comme dans les meilleurs films de Sidney Lumet. Très descriptif, le film s'attache à maintenir une distance, et dresse le constat d'une situation aberrante. Mais il ne tombe pas dans la facilité du seul constat à charge contre les forces de l'ordre. En dépit de son sujet et quoi qu'on en pense, il prend malgré tout en considération le point de vue policier. Misant sur l'intelligence du spectateur, il laisse à chacun le choix de se faire une idée sur les conditions qui ont conduits aux évènements décrits. Et son but semble finalement moins de chercher une responsabilité parmi les protagonistes coupables du film - qu'il n'épargne pas - que de la suggérer chez d'autres, que cependant il prend soin de ne jamais nommer et de ne jamais citer.

Formellement, Dominik Moll s'inscrit dans la continuité de La nuit du 12. Son film est terriblement prenant, mais il fait l'ime sur la palette des effets - musique quasi-inexistante, sobriété de la caméra et du jeu des acteurs - pour coller au plus près de la réalité. L'interprétation de Léa Drucker est par ailleurs excellente.

Il faudra que les primés du festival de Cannes aient été vraiment excellents pour justifier que Dossier 137 en soit revenu bredouille. Parce que le film est bigrement réussi.