Stéphane Brizé porte-voix de ceux qui n'ont pas les mots
Le cinéma de Brizé sous ses apparences simples, voire simplistes, est en réalité plein de richesse, de profondeur. Trois ans après le très beau "Mademoiselle Chambon" (1), le voici de retour avec cette histoire lourde sur le papier, casse-gueule au possible.
Tout est là pour donner lieu à un bon vieux film "à faire pleurer dans les chaumières" ou encore à ceci : http://youtu.be/JhL50k8Rr6M
Mais Brizé est un cinéaste, un vrai, qui met ce qu'il faut de romanesque pour éviter le plombant film à thèse et ce qu'il faut de pudeur pour ne jamais tomber dans le pathos. Et c'est tout autant par la qualité du scénario, des dialogues, de la direction d'acteurs (Le duo Lindon / Vincent est tout bonnement phénoménal), mais aussi d'une mise en scène au millimètre qu'il parvient à relever ce défi impossible. Chaque scène a en quelque sorte le timing parfait, Brizé donnant le temps au temps, n'ayant pas peur du silence, mais coupant là où le risque d'en faire trop, d'en dire trop le guette.
Ce cinéma est celui de l'équilibre fragile, à l'image des personnages qu'il dépeint, un cinéma à la fois populaire (son prix des Auditeurs du Masque et la Plume 2012 * démontre qu'il peut toucher le plus grand nombre), au sens noble du terme, et exigeant car refusant la moindre facilité.
* http://www.inter.fr/emission-le-masque-et-la-plume-23e-prix-des-auditeurs-du-masque-et-la-plume
(1) http://senscritique.cinevost.com/film/Mademoiselle_Chambon/critique/8527956