Il y a sans doute deux manières de se rappeler de la franchise Kingsman :
Soit comme l'un des sommets du cool de l'année 2015, avec un opus inaugural délirant, fun, avec des méchants charismatiques et des scènes d'action à base de plan séquence ou d'idées fortes.
Soit comme l'une des plus cruelles déceptions de 2017, se contentant de singer ce qui faisait le succès apparent de son petit frère pour mieux se rouler dans la fange du pathétique, de la répétition imbécile et du retour d'outre-tombe digne de Palpatine. Jouer avec un lasso le temps de la seule séquence potable de l'oeuvre ne saurait er pour un gage de cool.
C'est dire si ce troisième épisode pouvait à la fois intriguer et faire peur.
Sauf que sans doute, pour pleinement apprécier The King's Man : Première Mission, il faudra tout simplement faire son deuil des éléments qui caractérisaient de manière immédiatement identifiable ce que l'on nous mettait sous le nez.
Le truc le plus évident, c'est qu'il ne va pas falloir s'attendre à retrouver l'action virtuose ou le plan séquence de la muerte qui en met plein la vue. Ainsi, hormis une scène de baston plutôt bien chorégraphiée et jouissive, il faudra attendre le climax de l'aventure pour que Matthew Vaughn lâche vraiment les chevaux sur cet aspect.
Même topo pour le fun et le rigolard. Car hormis Raspoutine, qui ne reste pas longtemps à l'écran, The King's Man semble marcher en mode pointillés très espacés. Et pour en revenir au moine fou, c'est lui qui vole littéralement le film au nez et la barbe du méchant en chef, loin d'être à la mesure, par exemple, de Samuel L. Jackson et de son décalage.
Comme si Matthew Vaughn voulait soudain se montrer plus sérieux, ce qui ne manquera pas de chagriner à coup sûr dans ce que vous pourrez lire dans d'autres avis sur le site.
Sauf que cette approche, finalement, colle plutôt bien au décor du film, qui introduit pour la première fois au sein de son univers une once de réalité et par là même, de gravité rejoignant la relation décrite entre un père meurtri et son fils voulant défendre son pays. Le cool cède donc la place à une oeuvre qui balance sans cesse entre le film de guerre et le film d'espionnage , avec son grand méchant qui reste dans l'ombre à la manière d'un Blofeld.
Beaucoup vous diront que ce troisième opus a presque totalement perdu son identité, ce qui faisait de Kingsman : Services Secrets un oeuvre pop, flashy et délurée. Sauf que le changement de braquet e bien et retombe sur ses pieds d'une jolie manière avec les fondements de l'organisation que son réalisateur avait inexplicablement dynamité il y a quatre ans, comme s'il cassait son jouet préféré.
Et comme l'ami Matthew a réussi à irriguer son univers d'un sang neuf, il y a de quoi, je l'avoue, attendre avec curiosité ce qu'il nous réserve à l'avenir. Car on ne saurait être à l'abri d'une nouvelle bonne surprise.
Behind_the_Mask, la croix et la bannière.