Troisième adaptation de Stephen King par Mike Flanagan, après Jessie et Doctor Sleep. On finirait par croire qu'il y a comme une formule. Mais ce serait survoler la proximité thématique reliant les deux bonhommes. Life of Chuck l'entérine puisqu'on retrouve les notions de mémoire, de cette peur de la désagrégation, déjà présentes sur pratiquement tous les travaux du réalisateur. Mais ici, elle est traitée de manière plus aérienne, plus lumineuse. Comme l'atteste cette construction en trois actes inversés, le film retourne les attentes en faisant de la prétendue conclusion une étape préliminaire et non une fin. Cette partie est la plus énigmatique à mi-chemin entre le drame et le fantastique, porté par la sobriété de sa mise en scène. C'est également le segment qui prend le plus d'importance par la suite. Non que les deux autres manquent de charme. Le second est un beau moment de grâce mélancolique, et le troisième ajoute pas mal de légèreté à un récit pourtant très adulte. Avec en prime une très belle performance de Mark Hamill en papy matheux. Mais c'est vraiment un plaisir de voir le puzzle se mettre en place de lui-même, finissant de transformer cette ode à la vie en poème cosmogonique connectant la mémoire, la petite et la grande histoire. Le film rate cependant sa place vers les sommets à cause d'une voix-off de plus en plus envahissante qui brise la fluidité de cette narration comme si Flanagan ne voulait pas risquer de perdre son spectateur. Or, la beauté de l'exercice est justement de lui laisser le champ libre pour échafauder sa propre lecture du récit. C'est tout le sel de l'existence non, de chercher du sens ?