Le jeu qui m'a fait m'arrêter de m'intéresser à cette licence...
Une bonne vieille PS2 trainais en compagnie de ma PS3 et je profitais de trouver quelques jeux rares pour parfaire ma connaissances en JRPG... J'y suis arrivé sans attente particulière, simplement curieux de découvrir un épisode que je n’avais jamais touché. Et j’en suis sorti avec un sentiment en demi-teinte...
Suikoden IV a le cœur et les idées d’un grand JRPG, mais il patauge dans sa réalisation.
Dire que je n'avais pas d'attente est en partie un mensonge... Du moins, dès les 15 premières minutes, la sauce commençait par prendre et j'avais osé m'imaginer une Wind Waker format Suikoden et c'est certainement ça qui m'a fait perdre en espoir en la suite.
Car oui, dès le début, le jeu tente quelque chose de magnifique avec un monde maritime, dominé par des îles isolées, que tu dois réunir en renouvelant la légende des 108 étoiles. L’idée de mêler gestion navale, exploration océanique et rébellion m’a vraiment parlé. On ne navigue plus que d’un point A à B, on traverse un territoire fluide, hanté par des corsaires, des îles englouties, des requins mécaniques… et parfois par cette solitude élégante des grands espaces.
Sur le papier, ça fonctionne parfaitement. Mais à l’écran, ça coince. Ton navire est lent, le framerate s’effondre dès qu’on s’éloigne un peu, et les rencontres aléatoires surgissent à la file. Le résultat ? Une traversée du désert assez littérale.
La fameuse bataille navale stratégique, à laquelle je croyais dur comme fer, se réduit souvent à cliquer sur un ennemi, attendre le résultat, recommencer l’opération.
Et je ne parle même pas des combats terrestres, simplistes, avec quatre personnages seulement... Tu visais l’épique? Tu obtiens du able.
À côté, le premier opus paraissait déjà plus dense, plus riche. La base de 108 recrues est là, mais souvent cantonnée à des rôles anecdotiques... musiciens, jardiniers, mineurs, probablement là pour remplir un quota "Suikoden"… plus que pour servir l’action.
Pourtant, Suikoden IV sait surprendre. La fougue des personnages comme Snowe, son arc tragique avec la nécromancie, m’a touché là où peu d’épisodes de la saga savent vraiment le faire. La narration aborde des thèmes lourds... rédemption, mort, sacrifice, et ça prend. Il y a des scènes qui m’ont bouleversé, des petites fulgurances de tragédie silencieuse, quand les choix personnels entament ton armée, quand il faut abandonner des bouts de ton idéal pour aller de l’avant.
Le monde des îles est bien conçu, diversité de paysages, villages portés par l’économie des navires, zones secrètes, PNJ marins, sanctuaires engloutis… Il y a quelque chose de cohérent dans l’univers, un souffle différent du château central du Suikoden classique. C’est simple, mais ça respire.
Le vrai problème, c’est la forme. Entre ralentissements, absence d’optimisation technique, IA inexistante, et doublage inégal, Suikoden IV semble être un jeu terminé trop tôt, lancé pour valider un cycle commercial, pas pour offrir une expérience aboutie.
Du coup, j'ai ce mélange contradictoire... Les personnages, la narration, l’univers cherchent à toucher, à construire quelque chose. L’ambition est là, et les thèmes, liberté, espoir, trahison, sont respectés. Mais à chaque fois, quelque chose les empêche d’aller au bout, la technique, le gameplay, même le rythme du navire. C’est comme un grand spectacle coupé à la première répétition.
La plupart du temps, je me suis senti coincé sur le pont, regardant à l’horizon, en attendant que l’aventure trouve sa vitesse. Elle ne l’a jamais vraiment trouvée. Et c’est dommage.