Giuliano da Empoli (écrivain et conseiller politique italo-suisse) dans son essai « L’heure des prédateurs », décortique les mécanismes de la realpolitik et surtout l’irrésistible ascension des nouveaux maîtres, les « conquistadors de la tech » comme Elon Musk ou le PDG d’OpenAI, Sam Altman. Leur but, faire croire au peuple que les règles « sont une gigantesque arnaque, pour ne pas dire un complot des élites, en vue de les opprimer », et en profiter pour favoriser la déréglementation. Attirez par la lumière comme les mouches, les dirigeants se sont fait piéger par cet artefact, pensant « qu’un peu de poussière de fée » rejaillira « sur eux ». Perdue la sagesse des vieillards, ici nous assistons à la folie débridée, aux caprices d’enfants gâtés mais aussi à des hommes dépossédés de leur pouvoir d’action. Il s’agit, dans ce nouveau monde de favoriser le chaos, comme dans l’apocalypse, on vomit les tièdes, l’intérêt étant de contribuer à « élever le niveau de conflit » pour servir les objectifs des nouveaux maîtres, notamment une soumission de l’humanité à la machine : « et chaque fois qu’ils choisiront de privilégier l’humain, là où une IA aurait pu garantir des résultats plus efficaces, il y aura un prix à payer ».